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Titre Nozamis les chiens

Dermatites allergiques

Dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP)

Les puces qui infestent les chiens sont généralement de l'espèce Ctenocephalides felis et, comme son nom l'indique, cette espèce est également la puce rencontrée chez le chat.
Pour beaucoup de chiens, l'infestation par les puces, également appelée pulicose, est à l'origine de signes cliniques modérés, qui consistent principalement en des démangeaisons, provoquées par la salive irritante que la puce injecte lorsqu'elle prélève son repas de sang. Ces signes peuvent être plus marqués lorsque l'infestation est massive et, à contrario, la présence de puces en nombre réduit peut n'avoir aucune conséquence pour certains chiens qui la tolère très bien.
En revanche, un nombre non négligeable de chiens parasités vont développer des réactions allergiques à la salive de puces. Cette hypersensibilité à certaines substances allergènes contenues dans la salive des puces est à l'origine d'une dermatite par allergie aux piqûres de puces (DAPP) qui est parfois également désignée sous le nom de dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces (DHPP). Cette hypersensibilité peut être immédiate (elle se développe en quelques minutes) et/ou retarder (elle va s'établir en 24 à 48 heures).
La DAPP est le motif de consultation le plus fréquent en dermatologie canine et peut dans certaines circonstances représenter jusqu'à 50 % des consultations dans cette spécialité, en particulier pendant certaines saisons : l'incidence de la DAPP tend en effet à augmenter pendant les périodes de températures clémentes (fin du printemps, jusqu'à mi-automne), car si les puces peuvent être présentent toutes l'année, elles se multiplient pendant les saisons tempérées.

Symptômes de la DAPP

Lors de l'apparition de l'affection, le signe clinique dominant est le prurit. Pendant les épisodes de DAPP, les démangeaisons sont permanentes et intenses. Les autres symptômes associés sont un érythème cutané, des papules et une alopécie. L'étendue des lésions est variable, mais leur localisation est souvent caractéristique : elles sont en effet principalement situées sur la région dorso-lombaire, à l'arrière des cuisses, sur l'abdomen et les flancs.
Pour soulager les démangeaisons, le chien se gratte, se mordille et se lèche et, pour les zones inaccessibles, cherche des supports sur lesquels il pourra se frotter (par exemple un mur rugueux). Ces différents comportements de grattage ont pour effet d'accentuer les lésions préexistantes et d'en créer de nouvelles : la peau peut être excoriée et des croûtes vont alors se former ; des infections secondaires sont également possibles.
En début d'évolution, la DAPP est souvent saisonnière : comme indiqué précédemment, les crises sont en effet plus fréquemment observées pendant les périodes où le risque d'infestation par les puces est le plus élevé (été et automne), et en revanche, l'hiver et le printemps sont souvent une période de rémission. Toutefois, si un traitement adapté n'est pas entrepris, la DAPP a tendance au fil des années à devenir permanente chez un animal sensibilisé et la présence de puces en hiver, même en nombre plus réduit, peut suffire à entretenir la maladie.
Chez les chiens présentant une forme chronique, les signes cliniques et les lésions peuvent évoluer sur le long terme :
- le comportement de grattage tend à s'atténuer, soit que le prurit s'atténue, soit que les démangeaisons sont mieux tolérées par le chien ;
- le grattage chronique entraîne un épaississement progressif de la peau, en particulier au niveau de la couche cornée de l'épiderme (couche superficielle kératinisée). Ce phénomène appelé hyperkératose aboutit à une peau dépilée, présentant un aspect rugueux et parcheminé (les plis naturels de la peau sont accentués).

Diagnostic de la DAPP

L'historique de l'affection (apparition et évolution saisonnière), le tableau clinique (le type de lésions et leur localisation) et la mise en évidence d'une infestation par les puces (observation de puces adultes ou de leurs déjections sur le chien) permettent d'établir un diagnostic assez fiable de DAPP. Le vétérinaire devra toutefois distinguer la DAPP d'autres affections à l'origines de dermatites, notamment des affections parasitaires (gale, cheyletiellose, etc.), mais aussi d'autres maladies allergiques (dermatite atopique, allergie/intolérance alimentaire). Il est à noté qu'une proportion importante de chiens atteints de DAPP souffrent également de dermatite atopique.
Le diagnostic clinique de la DAPP peut être confirmé par des tests d'intradermoréaction comparables à ceux pratiqués en allergologie humaine : des extraits de puces contenant les allergènes sont injectés en intradermique et une lecture est faite environ ¼ d'heure après (mise en évidence d'une hypersensibilité immédiate) puis 1 et 2 jours après (mise en évidence d'une hypersensibilité retardée), en comparant le site d'injection des extraits de puces à des sites d'injections de produits témoins.
 

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Traitement des épisodes de DAPP et prévention des récidives

La prise en charge de la DAPP comprend 2 grandes facettes.

  • Le premier aspect consiste à améliorer l'état du chien, d'un point de vue symptomatique (prurit), lésionnel (érythème, papules, éventuellement excoriations, croûtes, infections secondaires, hyperkératose, etc.) et esthétique, ce dernier point ayant toutefois plus d'importance pour le propriétaire que pour l'animal !
    Pour apaiser le prurit, le vétérinaire sera fréquemment conduit à administrer et/ou prescrire des corticoïdes par voie générale. Ces puissants anti-inflammatoires permettent de soulager rapidement le chien. En cas d'infection secondaire, un traitement antibiotique peut également être nécessaire. Combattre l'inflammation (et les éventuelles infections) et stopper le prurit entraîne généralement une régression des lésions : les lésions originelles (érythème, papules) sont en effet directement liées à l'inflammation, tandis que les lésions secondaires (dépilations, excoriations, croûtes, hyperkératose) sont la conséquence des grattages / frottements / mordillements intenses et prolongés.
    Si les traitements systémiques sont à la base de la prise en charge thérapeutique des crises de DAPP, l'intérêt des produits topiques (traitements externes locaux, tels que des laits et surtout des shampoings) reste élevé : selon leur composition, ils peuvent avoir des propriétés calmantes, antiseptiques, émollientes, hydratantes, qui facilitent l'élimination des croûtes, accélèrent la guérison des lésions et permettent à la peau de retrouver plus rapidement ses qualités naturelles de souplesse et d'élasticité. Dans quelques rares cas où les signes cliniques sont modérés et les lésions peu étendues, des traitements topiques contenant notamment des corticoïdes peuvent suppléer les traitements par voie générale.
  • Quelle que soit la voie d'administration, ces traitements ne traitent pas la cause, mais seulement les conséquences de l'allergie. Ils sont donc dits symptomatiques et ils doivent être répétés à chaque récidives ; toutefois, les effets secondaires potentiels des corticoïdes (en particulier lors d'administration par voie générale) imposent d'en limiter l'utilisation au strict minimum. La 2ème facette de la prise en charge d'un chien souffrant de DAPP consiste donc à prévenir les récidives, ce qui implique une gestion sur le long terme de la cause de la DAPP : ce traitement de fond a pour objectif d'éviter au maximum que le chien soit piqué par des puces.
    Pour cela, il convient :
    - d'éliminer sans délais les puces présentes sur le chien : le vétérinaire administrera ou prescrira un produit anti-puces adulticide permettant de tuer rapidement tous les adultes présents sur l'animal ;
    - d'administrer ensuite régulièrement un produit ayant les mêmes propriétés, afin d'éliminer si possible avant qu'elle ne pique, toute puce qui pourrait venir sur l'animal.
    Les produits disponibles sur le marché sont nombreux et de nature variée : pipettes, poudres, colliers, shampoings, aérosols, sprays, etc. leur efficacité et leur rapidité d'action sont variables. La durée d'efficacité (ou rémanence) est également très différente selon les produits, ce qui implique donc que la périodicité des applications est également très variable. Les produits les moins contraignants à utiliser pour le propriétaire sont bien évidemment ceux qui sont faciles à administrer (par exemple, certains chiens craintifs sont apeurés par les aérosols) et pour lesquels la fréquence d'administration est la plus faible. Le conseil du vétérinaire pour choisir le produit répondant à ces différentes exigences est donc indispensable ;
    - de limiter les sources d'infestation, l'idéal étant qu'aucune puce ne puisse infester le chien souffrant de DAPP. L'objectif zéro puces semblent en pratique utopique ; réduire le risque d'infestation est toutefois une mesure importante de la prise en charge d'un chien atteint de DAPP. Il est par conséquent indispensable de traiter tous les animaux du foyer susceptibles d'héberger des puces (chiens, chats), mais également d'assainir l'environnement direct de l'animal. En effet, si les adultes vivent quasiment en permanence sur leur hôte, les autres stades de développement – oeufs, larves et nymphes – se trouvent dans l'environnement et, lorsque les conditions favorables sont réunies (température, humidité et présence d'un hôte), les nymphes se transforment en puces adultes. Initialement, une décontamination complète des locaux que fréquente le chien est souhaitable, en particulier lors d'infestation massive : après un nettoyage soigné à l'aspirateur, y compris des recoins les moins accessibles (les puces apprécient les endroits sombres tels que les placards pour se développer), l'ensemble des locaux doivent alors être traités à l'aide d'aérosols, spray ou aérosols automatiques (également appelés fogger). Les conseils du vétérinaire sont là encore indispensables pour une utilisation optimale de ces produits et pour connaître les précautions à respecter lors de leur manipulation. Une fois l'environnement assaini, l'utilisation de produits de traitement du chien (et des autres animaux du domicile) possédant à la fois une action adulticide et sur les formes immatures, ainsi que des passages de l'aspirateur réguliers et approfondis, permettent habituellement d'empêcher sa recontamination.

 

La DAPP est une affection qui peut entraîner des signes cliniques importants, difficilement supportables pour le chien atteint et une guérison spontanée n'est pas possible si l'animal reste exposé aux piqûres de puces. Une prise en charge pour le soulager et combattre la cause de l'allergie est indispensable. Le succès nécessite que le propriétaire respecte rigoureusement les mesures préconisées par le vétérinaire, sous peine de rechutes. La gestion de la DAPP est donc relativement contraignante et implique que le propriétaire du chien atteint soit motivé.
 

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