Chez le chien, le problème buccal le plus visible est la formation du tartre, mais le véritable ennemi caché est la plaque dentaire. En effet, la plaque dentaire qui se forme sur les dents, est en à l'origine du tartre, mais elle est aussi responsable de nombreuses lésions bucco-dentaires, désignées sous le terme de maladie parodontale.
La plaque dentaire est un biofilm invisible composé d'une matrice macromoléculaire contenant des colonies de bactéries et qui adhère à l'émail des dents. Si aucune mesure préventive n'est réalisée, elle a ensuite tendance à se minéraliser (formation du tartre) et s'infiltrer entre la gencive et les dents. Les bactéries exercent une action pathogène qui provoque rapidement des inflammations douloureuses des gencives (gengivites), et plus tardivement, est notamment responsable d'une rétraction de la gencive et d'une destruction progressive des structures de soutien de la dent (parodontite). Les dents peuvent devenir mobiles, être déchaussées, la base de leur racine devenant visible. Ces lésions peuvent à terme conduire à la chute spontannée de dents ou rendre leur extraction par le vétérinaire nécessaire. La présence de la plaque dentaire, du tartre et parfois la suppuration liée à l'infection est accompagnée d'une mauvaise haleine (halitose), dont l'apparition est précoce (elle précède souvent l'apparition du tartre). Il est toutefois à retenir que ces causes bucco-dentaires ne sont pas les seules origines possible d'une mauvaise haleine chez le chien : une alimentation inadaptée et d'autres maladies (notamment digestives) peuvent aussi provoquer ce signe clinique.
La plaque dentaire est présente chez tous les chiens car elle résulte de l'intéraction entre les aliments et les bactéries dont la présence dans la salive est normale ; naturellement, la formation de tartre et le développement d'une maladie parodontale se produisent donc également chez tous les chiens, de manière plus ou moins rapide et marquée. Elle est souvent plus précoces et plus marqués chez les chiens de races de petites tailles (Yorkshire, caniche, etc.), mais pour l'ensemble de la population canine, plus de 4 chiens sur 5 âgés de plus de 3 ans présentent une maladie parodontale impliquant au moins une partie de leur dentition (pour plus de détails, voir le dossier Maladie parodontale).
L'entretien de la bouche par les propriétaires a pour objectif principal d'éliminer au mieux la plaque dentaire, ce qui va empêcher, ou tout au moins ralentir significativement la formation de tartre et surtout l'apparition de la maladie parodontale ; ces mesures d'hygiène bucco-dentaire participent donc au bien être du chien et évitent ou limitent les interventions de détartrage, qui se font sous anesthésie générale et peuvent en outre devenir coûteuses, si elles sont fréquentes. Plusieurs méthodes complémentaires peuvent être envisagées pour cette hygiène bucco-dentaire. Pour toutes ces techniques, le principe de base consiste en une destructuration de la plaque dentaire par une action mécanique. Leur efficacité optimale est obtenue par une utilisation quotidienne, car la plaque dentaire se forme après chaque repas en 8 heures environ et commence à se minéraliser après 24 à 48h :
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le brossage des dents du chien est généralement considéré comme la méthode de référence, car s'il est bien réalisé, il permet d'intervenir sur toutes les dents d'agir jusqu'entre la gencive et la base de la dent. Si le brossage est réalisé avec une pâte dentifrice, cela lui confère en outre une action antiseptique qui n'est pas la plus importante, mais complète l'action mécanique sur la plaque dentaire ; le dentifrice utilisé doit être destiné à un usage chez le chien et le brossage serait plus efficace avec une brosse à dents souple qu'avec un doigtier.
Cette méthode a l'inconvénient d'être assez contraignante pour les propriétaires car pour être pleinement efficace, le brossage doit être pratiqué une fois par jour. De ce fait, il est principalement utilisé pour des chiens prédisposés à l'apparition précoce de troubles bucco-dentaires liés à la présence de la plaque dentaire (tartre, gingivite,...).
Le brossage nécessite également que le chien soit coopératif et pour cela, il est souhaitable que l'apprentissage soit réalisé très tôt. Généralement, plus le brossage est débuté chez un animal jeune et mieux il sera accepté. L'apprentissage doit également être doux et progressif. ll est conseillé de commencer par habituer le chien au contact du doigt ou d'un doigtier sur ses dents et gencives, puis ensuite de l'habituer à la présence du dentifrice.Après ces 2 premières étapes, une brosse à dent à poils souples peut employée. Il est plus facile d'habituer le chien au brossage des dents en ritualisant cette opération : pour cela, il est recommander que cela soit toujours la même personne qui réalise cette intervention à la même heure et au même endroit. Offrir une récompense au chien à la fin du brossage permet qu'il perçoive ce moment comme une habitude agréable.
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Pour les propriétaires qui ne sont pas assez motivés pour réaliser des brossages réguliers (idéalement quotidiens) ou dans les cas où les chiens ne le supportent pas, des méthodes alternatives pour une bonne hygiène buccodentaire existent :
- la distribution d'une alimentation à base de croquettes est l'une d'elle : les croquettes, par leur frottement sur les dents ont un effet nettoyant et contribuent à éliminer la plaque dentaire. Certains fabricants proposent des croquettes conçues spécialement pour favoriser l'hygiène bucco-dentaire : par leur taille, leur forme et leur texture, elles ont un effet mécanique de brossage plus marqué lors de la mastication. De plus, des substances qui captent le calcium contenu dans la salive entrent dans la composition de certains aliments industriels secs et ralentissent ainsi la minéralisation de la plaque dentaire en tartre.
- certaines friandises industrielles, présentées sous forme de bâtonnets ou des lamelles à mâcher, sont conçues pour améliorer l'hygiène bucco-dentaire. Ils présentent également une forme et une texture qui leur confère un effet légèrement abrasif sur la dent. Ces produits peuvent aussi contenir et libérer lors de la mastication des substances actives qui pour certaines permettent de ralentir la formation du tartre en captant le calcium de la salive et pour d'autres empêchent les bactéries de coloniser le biofilm.
L'action mécanique du bâtonnet que le chien va mâcher longuement se rapproche de l'effet des os que consomment les carnivores sauvages, lorsqu'ils ingèrent une proie entière. Pour autant, la distribution d'os aux chiens pour leur effet nettoyant sur les dents est déconseillée. En effet, compte tenu de la fréquence des administrations nécessaire pour obtenir une bonne hygiène bucco-dentaire, les os risqueraient d'avoir chez de nombreux chiens, une action néfaste plus importante que l'effet bénéfique : troubles digestifs tels que la constipation et surtout usure anticipée des dents.
Ces 2 méthodes présentent l'avantage non négligeable de ne nécessiter aucune intervention du propriétaire et de ne pas être contraignantes pour le chien : avec les croquettes, chaque repas devient un geste d'hygiène bucco-dentaire, et pour les bâtonnets à mâcher, la distribution quotidienne est facile et constitue pour le chien une récompense, qui participe à son bien-être. Elles ont en revanche l'inconvénient de ne pas assurer une action homogène sur toutes les dents, car leur effet dépend de la manière de mastiquer du chien (localisée principalement à la région des prémolaires et molaires).
Une étude récente a confirmé l'efficacité de chacune de ces 3 méthodes (brossage, croquettes, bâtonnets à mâcher) : les chiens qui en bénéficiaient quotidiennement ont présenté une santé bucco-dentaire significativement meilleure que des chiens témoins (pas de brossage, pas de bâtonnets à mâcher et alimentation humide). La fréquence de ces mesures d'hygiène apparaît comme un facteur important pour une efficacité optimale, et l'association de plusieurs de ces méthodes est une option intéressante pour assurer une hygiène bucco-dentaire quotidienne et permet également d'additionner les effets bénéfiques de chacune d'elles.
Même si il ne réalise pas de brossages, il est important que le propriétaire procède régulièrement à une inspection de la bouche de son chien : il pourra ainsi apprécier directement la formation de tartre (en particulier sur les dents du fond), et d'autres signes indiquant qu'un traitement par le vétérinaire est probablement nécessaire (mauvaise haleine, gencives tuméfiées). Cet examen buccal est aussi l'occasion de rechercher toute autre anomalie qui peut justifier une consultation chez le vétérinaire : dent cassée, carie, masse gingivale, etc.