espace
Titre Nozamis les chiens
Accueil > Santé du chien > Vaccination et maladies infectieuses du chien > La piroplasmose ou babésiose canine

La vaccination et les maladies infectieuses du chien

La piroplasmose ou babésiose canine

La piroplasmose, également appelée babésiose, est une maladie parasitaire affectant principalement les chiens. Elle est due à un protozoaire (organisme unicellulaire), du genre Babesia. L'espèce la plus répandu en France et en Europe est Babesia canis.

En France, cette maladie est transmise par des tiques des espèces Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus, qui sont donc les vecteurs de la piroplasmose. La première espèce, D. réticulatus, vit principalement à l'extérieur, dans la végétation, en attendant l'occasion de se fixer sur un hôte, et son activité est maximale pour des températures de 18°C environ. Dans les régions tempérées, elle est donc active presque toute l’année et plus particulièrement au printemps et en automne. La deuxième, R. sanguineus, et a une activité maximale à une température de 24°C. Elle est principalement rencontrée en région méditerranéenne et est souvent domestique (vit surtout à l’intérieur des maisons, chenils…).
La biologie de ces tiques vectrices explique qu'il existe des pics saisonniers de l'incidence de la piroplasmose du chien (printemps et automne) et que cette maladie est plus fréquemment observée dans des régions où le climat et l'environnement favorisent leur prolifération (sud-ouest et périphérie du massif central). Des cas de contamination peuvent toutefois survenir partout dans le pays et pendant toute l'année.
Les chiens qui vivent surtout en extérieur (chiens de chasse, chiens de garde) et les animaux vivant en collectivité dans des chenils sont plus susceptibles d'être infestés par des tiques et sont par conséquents plus exposés à la piroplasmose. Cependant, tous les chiens sont susceptibles se trouver, même ponctuellement, dans une situation où ils peuvent être piqués par une tique et contracter la piroplasmose. 

Contamination

La contamination du chien intervient lors de la piqûre par une tique hébergeant des piroplasmes. L'inoculation du parasite n'intervient pas dans les premières heures suivant la fixation de la tique sur le chien, mais après que la tique se soit gorgée de sang pendant 2 ou 3 jours. Ce délai est un élément important pour la prévention de la contamination (voir le paragraphe "Prévention"). La contamination directe lors de contacts entre chiens n'est pas possible.
Une fois inoculés, les parasites pénètrent dans des hématies (globules rouges) dans lesquels ils se multiplient et qu'ils finissent par détruire. Les protozoaires ainsi libérés infestent d'autres hématies, s'y multiplient... Cette séquence s'amplifie à chaque cycle et l'hémolyse intravasculaire qui en résulte (destruction des globules rouges dans les vaisseaux sanguins) est rapidement à l'origine de la plupart des symptômes observés.

Signes cliniques et diagnostic

Signes cliniques

Les conséquences les plus fréquentes de l'infestation par les piroplasmes sont la fièvre qui peut être forte, l'anorexie et l'abattement souvent marqué.
La destruction des hématies aboutit à une anémie qui se manifeste cliniquement par des muqueuses pâles et à un état de faiblesse générale. En outre, lorsqu'ils sont détruits, les globules rouges libèrent dans le plasma l'hémoglobine qu'ils contiennent. Celle-ci est pour une part dégradée par le foie, mais lorsqu'elle est en grande quantité, les capacités hépatiques peuvent être débordées et elle est alors filtrée par les reins et éliminée dans les urines. Un des signes cliniques évocateur de la piroplasmose est une coloration des urines (brun-rouge), qui peut parfois être confondue par les propriétaires avec des saignements urinaires.
Ces processus de dégradation et d'élimination de l'hémoglobine peuvent être à l'origine de complications d'insuffisances hépatique et rénale. Les troubles hématologiques associées à la piroplasmose peuvent également provoquer d'anomalies de la coagulation.
En plus de cette forme "classique" de la piroplasmose, peuvent aussi survenir une forme suraiguë, souvent rapidement mortelle, et des formes "atypiques", avec des manifestations cliniques digestives, respiratoires, musculaires, nerveuses... 

Diagnostic

Le contexte (saison, région, mode de vie du chien) et bien sûr l'observation par le propriétaire de tiques sur son animal dans les jours précédents, peuvent être des informations en faveur d'une piroplasmose, chez un chien présentant des symptômes compatibles avec cette maladie.
Ces informations et le tableau clinique peuvent donc être très évocateurs, mais ne permettent pas d'établir un diagnostic de certitude. Celui-ci repose sur des examens complémentaires :

  • la recherche des parasites au sein des hématies peut être effectuée par le vétérinaire, sur un frottis sanguin réalisé à partir d'une goutte de sang généralement prélevée à l'oreille. Cet examen présente l'avantage d'être peu coûteux et peut permettre un diagnostic sans délai. Si l'observation des piroplasmes permet d'affirmer que le chien testé est infesté, en revanche leur absence ne permet pas d'écarter cette hypothèse, car une petite partie seulement des globules rouges contient le parasite.

  • la mise en évidence du parasite peut aussi être faite en recherchant son ADN dans le sang du chien malade, par la méthode dite de PCR (polymerase chain reaction). La fiabilité des résultats de cet examen est très bonne, mais son principal inconvénient est qu'il faut envoyer le prélèvement à un laboratoire spécialisé et que sa réalisation nécessite environ 2 jours. Il y a donc un délai de plusieurs jours avant d'avoir les résultats.

Le vétérinaire peut également proposer d'autres examens complémentaires (analyses sanguines) pour évaluer les répercussions de la piroplasmose, en particulier sur le foie et les reins.
Lorsqu'un diagnostic de piroplasmose est établi avec certitude, mais aussi lors de forte suspicion liée au contexte et à la clinique, même sans confirmation par un examen complémentaire (frottis sanguin négatif ou résultat du test PCR en attente), le vétérinaire va instaurer sans délai un traitement spécifique et, si besoin, symptomatique.

 
[adsense_336x280]

Traitement de la piroplasmose

Le traitement spécifique de la piroplasmose repose sur l'administration d'un piroplasmicide, l'imidocarbe. Le produit vétérinaire dont disposent les vétérinaires est administré par voie injectable. La plupart du temps, une seule injection est suffisante, mais une seconde, 2 à 7 jours plus tard, est parfois nécessaire pour certains animaux.
Les traitements symptomatiques sont décidés au cas par cas et dépendent de la nature et de l'intensité des symptômes observés : il peut ainsi être nécessaire de pratiquer une transfusion sanguine, lorsque l'anémie est sévère, de réaliser une traitement de l'insuffisance rénale ou hépatique,...
La piroplasmose est une maladie potentiellement mortelle si un traitement n'est pas instauré rapidement, mais parfois aussi malgré le traitement, notamment pour les formes suraiguës ou à cause des complications. En outre, des séquelles d'insuffisance rénale ou hépatique chronique sont possible, alors que la piroplasmose a été traitée et guérie.

Prévention de la piroplasmose

Les mesures de préventions peuvent être de 2 types : d'une part, celles destinées à éviter que les tiques puissent inoculer le parasite au chien et d'autre part, celles qui empêchent, après une contamination, que les piroplasmes se multiplient chez le chien et provoquent la maladie.

Il est parfois possible de réduire l'exposition aux tiques : la présence de ces acariens parasite peut en effet être très localisée, et éviter de promener son chien dans tel bois ou telle prairie, dont on sait qu'il revient systématiquement couvert de tiques peut être efficace.
La décontamination de certains lieux dont la surface réduite et où les chiens passent beaucoup de temps (par exemple les chenils) peut également être une mesure intéressante pour diminuer l'exposition aux tiques.
Lorsqu'un risque d'exposition existe, ce qui est le cas de la plupart des chiens, il est recommandé d'administrer des traitements antiparasitaires externes, ayant une efficacité reconnue contre les tiques. La plupart limitent le risque de fixation de tiques sur le chien, sans l'empêcher totalement, mais lorsqu'une tique se fixe, ils provoquent généralement sa mort et son détachement dans les 24-48 heures, alors que le risque de transmission des piroplasmes est encore très réduit. Ces antiparasitaires acaricides sont proposés sous la forme de pipettes, sprays ou colliers. Les indications du vétérinaire sont importantes pour choisir le produit, car tous n'ont pas la même efficacité, notamment sur les différentes espèces de tiques vectrices de la piroplasmose, sur le délai entre la fixation et la mort des tiques, etc. Le choix, mais aussi la fréquence d'utilisation, peuvent également dépendre du contexte : il peut ainsi être nécessaire de rapprocher les administrations pour les animaux très exposés (chiens de chasse pendant leur périodes d'activité, chiens qui sont fréquemment baignés, etc.).
Enfin, il est conseillé d'examiner attentivement (inspection visuelle à rebrousse-poil et palpation) le chien au retour d'une sortie à risque (par exemple promenade dans une végétation haute), et si des tiques sont présentes de les éliminer sans délai (même si le chien a été traité), afin d'avoir toutes les chances qu'elles soient ôtées avant d'avoir pu inoculer des piroplasmes.

Une prévention médicale de la piroplasmose après une contamination, peut être obtenue grâce à la vaccination. L'objectif est de développer chez le sujet vacciné, une immunité permettant à l'organisme d'éliminer totalement les piroplasmes qui sont inoculés. Deux vaccins vétérinaires sont disponibles, mais la protection qu'ils offrent est inconstante d'un sujet à un autre, certains chiens étant totalement immunisés, alors que d'autres le sont partiellement, voire très faiblement. Pour ces chiens incomplètement immunisés, le développement de la piroplasmose reste possible, sous des formes qui souvent seront atténuées, et il est déconseillé d'utiliser la vaccination comme seule méthode de prévention.
Une chimioprévention est également envisageable : l'imidocarbe, le piroplasmicide utilisé pour l'élimination des piroplasmes chez les chiens malades, peut également être administré préventivement. Les piroplasmes inoculés sont ainsi détruits par ce médicament, sans pouvoir se multiplier. Cette injection préventive est efficace pendant 4 à 6 semaines et doit donc être renouvelée régulièrement pendant la période à risque. Ce type de prévention peut être intéressant pour les animaux très exposés, pendant des périodes limitées (par exemple pendant la saison de chasse). Comme tout médicament, des effets indésirables peuvent survenir et son utilisation prend en compte le rapport bénéfice/risque.

 

Compte-tenu de la gravité de la piroplasmose, l'utilisation des moyens de prévention prend toute son importance. Ceux-ci sont nombreux, mais aucun ne permet d'éviter totalement le risque de transmission et de développement de la piroplasmose. Toutefois, leur utilisation raisonnée, éventuellement en les combinant pour les animaux les plus exposés (par exemple traitements acaricides fréquents + vaccination) permet de réduire ce risque à un niveau très faible.



[95] en 0.42 s.
Retour haut de page